Ceux qui me suivent sur Twitter l’auront peut-être compris,
l’été, je tweet en direct Secret Story
(une émission de téléréalité française pour les profanes). Ça fait maintenant
deux ans que j’ose le dire haut et fort (au moins le dire, c’est déjà ça).
Alors que je tentais de faire un peu d’introspection (ce qui doit m’arriver une
fois par an environs), je me suis demandé quelles raisons me poussaient à
regarder Secret Story (comme je ne
regarde jamais la téléréalité).
J’ai été élevée dans une famille d’intellectuels, des
personnes qui préféraient un livre à la télévision et ma découverte de la TV s’est
faite tardivement. Je n’ai jamais regardé la Star Academy et, encore aujourd’hui, j’allume rarement la TV. Mon
intérêt pour ces programmes est donc récent, mais pourquoi est-ce que je m’y
suis intéressée et quels parallèles est-il possible de faire avec les séries qu’on
regarde ?
Un format d’épisodes
Toutes les séries fonctionnent sur cette base : des
épisodes réguliers qu’on regarde en ligne ou à la TV et dont on parle avec les
autres fans de la série. Pour la téléréalité, c’est un peu la même chose à
intervalle plus régulier (généralement tous les jours pour une téléréalité
comme Secret Story, toutes les
semaines pour d’autres – qui ne me viennent pas en tête à l’instant). On a
cette satisfaction d’attendre la suite des aventures de nos héros préférés, l’histoire
se développe au fil des épisodes, l’intrigue s’épaissit.
Réalité ou fiction ?
J’en suis arrivée à un point où je ne me pose même plus la question
de savoir si une émission est réelle ou totalement orchestrée. J’ai fini par
estimer qu’il y avait un peu de tout – même si mon expérience avec la
téléréalité est un peu limitée, je l’admets. D’une certaine manière, le
caractère réel d’une histoire qu’on regarde évoluer devant nous n’importe que
très peu. Je veux bien entendre les concurrent nous raconter à quel point tout
était vrai, je pense que l’intérêt de la téléréalité ne réside pas en la
quantité de réalité qui nous est présenté (et c’est sans doute mieux comme ça).
La téléréalité, c’est avant tout un divertissement, comme une bonne série (ou
une série médiocre, encore une fois, ça dépend toujours du programme) et comme
tout bon divertissement, il faut une histoire que les spectateurs voudront
suivre avec intérêt pendant plusieurs semaines, plusieurs mois (et même
plusieurs années dans le cadre des séries qu’on suit pendant plus de 7 saisons
par exemple). On retrouve un peu ce type d’idée dans Hunger Games qui présente une sorte de téléréalité bien
particulière où Katniss et Peeta sont maintenus en vie tant que le Capitole est
divertit et qu’il peut voir leur histoire d’amour évoluer. De la même manière,
il est rare de voir un couple séparé dans Secret
Story (Nathalie et Vivian tous les deux en finale, Emilie et Rémi, Vincent
et Alexia, Marie et Goeffrey – tous en finale, ensembles) puisque le spectateur
s’intéresse à leur histoire, veut savoir ce qu’il se passera ensuite.
Quand un candidat divertit les téléspectateurs, il est plus
susceptible de rester dans l’aventure. C’est un peu pareil avec les séries. La
loi des audiences ne ment pas et le spectateur est roi. Par exemple, dans la
série Supernatural, le personnage de
Bella avait été présenté aux fans lors d’un épisode de la saison 3 et était pressentie
pour être un personnage récurrent dans la série. A cause de l’accueil négatif
des fans de la série, Bella a été tuée par les chiens de l’Enfer. Dramatique,
oui, mais bon pour l’audience puisque Bella n’était plus dans le champ et que
les fans étaient contents (pas moi, j’aimais bien Bella). Donc vous pouvez
toujours tenter de faire jeter ce personnage de série que vous détestez,
faites-moi savoir comment ça se passe.
Des personnages identifiables et intéressants
Nous, simples êtres humains, nous aimons classifier les
choses. C’est pour cette raison que plus un personnage rentre simplement dans
une boîte, plus nous sommes susceptibles de nous en souvenir et de nous y
intéresser. Si, par la suite, le personnage se révèle avoir plus d’une couche –
en gros, être intéressant – c’est encore mieux. Toujours est-il qu’au départ,
un stéréotype marche toujours bien. Par exemple, dans la série The Vampire Diaries, le personnage de
Caroline Forbes est l’archétype de la blonde populaire, un peu con-con, qui
aime plaire mais qui n’arrive pas à avoir l’homme qu’elle désire (amoureux de l’héroïne,
sinon c’est pas drôle). Il faudra attendre une saison entière pour que se
développe d’autres aspects de sa personnalité qui ont fait d’elle l’un de mes
personnages préférés (toutes séries confondues).
Pour la téléréalité, c’est généralement la même chose. Les
candidats choisis sont ceux qui rentrent facilement dans une boîte, qu’on pense
cerner rapidement. Ce sont ceux qui ont un message simple et qui s’y tiennent.
Par exemple, celui qui est là pour jouer, pas pour se faire des amis et qui n’a
de cesse de le répéter à qui veut l’entendre, la jeune fille naïve, la grande
gueule, celui qui est venu en couple, le jaloux, l’excentrique … En regardant
chaque saison de Secret Story, on
arrive à classer les personnages qui seront présents jusqu’à la fin. Ceux qui
sont mémorables ont le plus de chance de rester « en vie » jusqu’à la
toute fin (comme, par exemple, Benoît, Xavier, Tatiana …) C’est une des raisons
pour lesquels tous les vainqueurs de l’émissions avaient des secrets de groupe.
L’attention est plus facilement portée sur eux comme ils doivent travailler en
équipe pour garder leur secret le plus longtemps possible. Ils passent plus de
temps devant l’œil critique du spectateur (comme des personnages principaux
auxquels on s’habitue) et on pourra les voir évoluer seulement si on les garde
dans l’émission.
L’autre avantage qu’a Secret
Story (et sans doute d’autres émissions, faites-le moi savoir dans les
commentaires) avec cette histoire de secret, c’est que dans leur volonté de
préserver ce secret, les candidats doivent souvent user de la ruse pour
parvenir à leurs fins. Cela aide le spectateur à se dire qu’il soutient un
personnage intelligent, plein de ressources et ingénieux. Plus un concurrent
sera mémorable, meilleures seront ses chances d’aller en finale (et pourquoi
pas de gagner le jeu).
Certains spectateurs critiquent cette concentration autour
de seulement quelques personnages de l’émission mais, le fait est qu’ils
répondent à la demande des téléspectateurs qui s’intéressent aux personnages
qui ont su se rendre indispensable pour l’histoire (là encore on peut se
demander si la production est à l’origine de cette idée du concurrent ou pas).
Les critiques contre la téléréalité ?
Je suis la première à me moquer des personnages de
téléréalité et je ne suis clairement pas la seule selon ma tweetline. Alors
avant d’aborder cette partie de l’article, il faut savoir qu’en quinze ans, l’humanité
a perdu en moyenne 7 points de Q.I. et que donc, de manière globale, on est
donc quand même bien plus cons que nos parents, tous autant qu’on est.
Bref. Les candidats de téléréalité sont souvent critiqués
pour leur « esprit vif » et leur « physique mieux traité que
leur intellect ». Sans mentir, je fais souvent la remarque et c’est sans
doute dans ce domaine que la téléréalité se sépare un peu des séries.
En effet, les séries ont un scénario, des dialogues écrits à
l’avance et les personnages sont attachants car ils sont sortis de l’imaginaire
de quelqu’un qui les a travaillés, modelés, façonnés, pour les rendre humains.
Dans la téléréalité, même si beaucoup estiment l’histoire scriptée (et ce débat
n’est pas vraiment le propos de l’article mais vous pouvez quand même l’entamer
dans les commentaires), les candidats sont à nu. Ils n’ont pas un texte à la
grammaire parfaite à apprendre (même si j’entends parfois des aberrations du
subjonctif dans les séries), ils sont comme vous et moi (pour la plupart). Leur
humour n’est peut-être pas parfait mais il est authentique. Alors peut-on
vraiment regarder l’émission simplement pour se sentir intelligent, pour se
moquer d’autres personnes ? C’est le cas de beaucoup et même si j’ai honte
de l’admettre, ça a longtemps été mon cas.
La critique à apporter à la téléréalité, c’est le regard qu’on
lui porte. Alors il est possible que la production joue sur cette frustration
du téléspectateur en lui montrant des personnages aussi malins que lui pour qu’il
se sente supérieur mais plus globalement, loin de nous montrer la réalité, la
téléréalité nous dépeint notre société comme le fait les séries.
Et si l’un d’entre vous arrive à me dire avec un visage
sérieux que les personnages de How I Met
Your Mother sont des personnes brillantes, je ferais un erratum sur toute
cette partie de l’article. Un personnage de téléréalité, ça n’est pas plus bête
qu’un personnage de série (comme Scandall
par exemple), ça n’a juste pas de répliques à apprendre.
Au final, est-ce que c’est bien, la téléréalité ?
C’est comme tout, ça dépend. Ce que j’essaye sur ce blog c’est
appréhender les séries qu’on regarde d’une manière différente (d’où les récents
articles sur la torture et le sexisme dans les séries). On peut tout regarder
du moment qu’on regarde d’un œil critique ce qu’on nous sert. La téléréalité, c’est
avant tout du divertissement. Qu’on regarde l’émission pour se sentir supérieur,
parce qu’on veut suivre les aventures d’un personnage qu’on trouve
particulièrement attachant ... on regarde parce que ça nous amuse.
Regarder la téléréalité ne fera pas de vous une copie de
candidat de téléréalité (vous ne deviendrez pas Nabila en regardant la TV,
rassurez-vous) tout comme regarder The
Vampire Diaries ne fera pas de vous un tueur en série ou un malade atteint
du syndrome de Renfield. On est assez grands pour faire la part des choses et
se divertir de manière raisonnée.
Conclusion : téléréalité VS séries, le bilan
Cette conclusion va être rapide. Je regarde actuellement Secret Story, j’adore Fanny et Julien*,
je ne supporte pas Sophia et Marvin**. Je regarde aussi The Vampire Diaries, j’adore Damon et Caroline, je déteste Elena.
Je regarde aussi Nikita et je suis
fan de Birkhoff. Qu’est-ce que vous en pensez ?
[*ndlr : il y a d’autres candidats qui trouvent grâce
aux yeux de l’auteur de cet article, les lister tous aurait été long]
[**ndlr : il y a également beaucoup d’autres candidats
que l’auteur de l’article n’apprécie pas du tout, les lister tous aurait été
trop long aussi]
Certaines séries ont comprit le parallèle (comme Total Drama (appelé Défis Extrêmes en français), UnREAL
…) et mettent en scène la téléréalité dans le cadre d’une série, preuve que les
deux types de programmes ne sont pas si éloignés que ça.